Maternité et identité : choisir sa trajectoire

IVG avortement

Au cours de la vie d’une personne possédant un utérus, les enjeux identitaires liés à la maternité feront inévitablement surface. Via les menstruations qui nous rappellent à chaque apparition le potentiel créateur de notre corps, ou via les questions liées à la contraception dont nous sommes encore (dans la plupart des cas) grandement responsables.

Quelques soient nos désirs, nos rêves, nos choix et nos expériences

  • vouloir un/des enfants,
  • vouloir une vie sans enfant,
  • choisir une IVG,
  • choisir de poursuivre une grossesse alors que la situation n’est pas “idéale” (du moins selon les normes sociétales),
  • vivre des difficultés à concevoir,
  • vouloir être une maman au foyer,
  • vouloir reprendre le travail au bout de 3 mois, etc.

– ceux-ci viendront prendre une place dans notre construction identitaire et seront parfois source de remaniements identitaires profonds.

Qu’est-ce que l’identité ?

L’identité est un concept vaste composé de différents sentiments comme celui d’unité, de cohérence, d’appartenance, d’autonomie et de confiance.

Paul Ricoeur met en évidence l’ipséité. C’est le sentiment de rester le même au travers du temps et des expériences. Le fait d’être fidèle à un noyau interne qui nous est cher, bien que la vie nous amène à évoluer et à nous transformer.

Carl Jung insiste sur la notion de processus. L’identité se bâtit, advient grâce au processus d’individuation par lequel nous nous définissons au travers de nos choix.

Devenir mère

Le simple désir de devenir maman engendre bien souvent des questionnements majeurs au sujet de la mère que nous souhaitons être, des liens à nos propres parents, de ce que nous voulons transmettre de nos lignées et ce que nous souhaitons faire autrement.

Le phénomène de “la transparence psychique durant la grossesse”, bien connu en psychologie, souligne la réactivation de conflits intrapsychiques durant cette période. L’accouchement et la période du post-partum sont également des événements potentiellement bouleversants qui induisent une nécessité de retrouver un équilibre au niveau personnel, dans le couple et dans les priorités établies au quotidien.

Cette intégration d’une nouvelle partie de soi se fait rarement sans période de crise tant il s’agit d’une transformation profonde. En effet, l’image de soi est souvent mise à mal car des écarts peuvent exister entre la mère que l’on pensait devenir et celle que l’on est. Ou entre l’image que l’on a (souvent inconsciente) de la Mère idéale, et nos désirs de mères et de femmes.

Le sentiment de légitimité à être maman peut dès lors être mis à mal et les conflits intérieurs sources de culpabilité (même si on nous rabâche que la mère parfaite n’existe pas…). L’oubli de soi au profit de ce petit être qui devient le centre de notre monde peut constituer une phase plus ou moins compliquée à traverser, et la lutte entre nos besoins et désirs, souvent contradictoires, demande un temps pour être conscientisée puis intégrée.

Les pressions sociales, sociétales et intérieures

Tout cela est normal et constitue les expériences de la vie qui serait bien triste sans remise en question et bousculement ! Par contre, la partie toxique réside selon moi dans toutes les pressions sociales, sociétales et intérieures qui sont encore extrêmement présentes. Issues de préjugés, stéréotypes et fausses croyances, ces pressions parasitent la pensée, au risque de nous empêcher de nous connecter à nos désirs intimes et uniques.

Aujourd’hui, de plus en plus de femmes osent affirmer des désirs ou sentiments opposés à ces attentes insidieusement inscrites dans l’inconscient collectif et individuel au sujet de la maternité.

Par exemple, le livre d’Orna Donath évoque la réalité de femmes qui regrettent d’être devenues mères. Elles aiment leurs enfants, mais regrettent d’avoir endossé ce rôle qui ne leur convient absolument pas. Bien au-delà de l’ambivalence très commune, ce sentiment est d’autant plus difficile à vivre qu’il ne correspond absolument pas au discours accepté au sujet du sentiment d’être maman.

Heureusement, la société évolue et les tabous sont de plus en plus mis en lumière. Davantage de femmes peuvent dès lors vivre leur propre vérité et se connecter à elles-mêmes, avec ou sans crises intérieures.

Le choix de l’IVG

Le choix d’interrompre un grossesse s’inscrit inévitablement dans la construction identitaire car il place la femme en position active. Il peut être très bien vécu ou demander des remaniements identitaires plus complexes. Il demande d’avoir le courage de choisir d’arrêter un processus, afin de pouvoir décider de mettre son énergie dans d’autres désirs ou une autre réalité à un certain moment de sa trajectoire individuelle.

Choisir l’IVG, au même titre que tous les grands choix d’une vie, peut induire de l’ambivalence, de la culpabilité et entraîner un cheminement profond à différents niveaux.

En effet, au même titre qu’une grossesse poursuivie, il s’agit d’un événement qui peut réactiver de nombreuses mémoires ou questionnements liés au système familial, aux vécus infantiles, à la féminité, au couple, au transgénérationnel ou encore au rapport au corps. Ainsi, l’IVG peut constituer le point de départ vers de profondes prises de conscience.

Les difficultés à concevoir

Dans cette configuration aussi, les défis identitaires sont potentiellement nombreux et peuvent amener à réinventer une partie de soi.

En effet, pour les personnes qui voient leur projet de maternité ralenti ou stoppé par des difficultés à concevoir, des remaniements identitaires sont nécessairement en jeu, si ce n’est en termes de réaménagements de projets de vie imminents.

L’image de soi, de sa féminité, les rêves et projets peuvent être bouleversés. Le sentiment d’appartenance sociale ébranlé. La perte de contrôle se fait ressentir, ce qui ouvre vers l’opportunité de créer du sens à l’expérience ou encore de se construire une nouvelle identité autour de la parentalité.

Choisir de ne pas avoir d’enfant

Dans un monde idéal, le choix de ne pas avoir d’enfant devrait être tout aussi banal que celui d’en avoir. Chacun sa vie et ses désirs. Pourtant, ces fameuses “charges maternelles” dont parle Fiona Schmidt dans son livre « Lâchez-nous l’utérus” sont encore belles et bien présentes.

Il s’agit de “la somme des pressions et préjugés au sujet de la maternité que toutes les femmes intègrent dès l’enfance et qui présentent la mère épanouie et bienveillante comme la norme, une part intégrante de l’identité féminine, et le seul lifegoal qui vaille pour une femme.” Cette charge maternelle empêche de concevoir le désir de ne pas avoir d’enfant comme tout aussi légitime et puissant que celui d’en avoir. Les pressions sociales et demandes de justifications ajoutent donc des variables complexes au cheminement identitaire.

Maternité et identité: saisir les opportunités, s’affranchir des codes, choisir sa propre trajectoire

De nombreux autres cas de figure existent en ce qui concerne les choix et vécus liés à la maternité. Se définir dans sa manière de vivre la maternité est une opportunité pour s’affranchir des codes sociaux, pour créer sa propre définition de la famille et du bonheur et découvrir énormément de parties de soi.

Marcher toujours plus vers nos désirs, notre vérité, notre authenticité est un défi quotidien si riche. Bien que ces sentiments d’unicité, d’appartenance et d’autonomie, nous permettant de garantir notre cohérence identitaire soient souvent mis à l’épreuve, notre appareil psychique a pour fonction de créer du sens afin de retrouver un équilibre.

Pour ce faire, il n’y a pas d’autre recette que d’aller toujours plus vers soi, oser s’écouter, même lorsque cela semble être à contre courant, se faire entourer lorsque c’est nécessaire, et accepter que nous sommes en constante évolution.

Personne ne vivra notre vie à notre place. Les normes n’appartiennent qu’à des constructions sociales existant à un moment T dans l’Histoire et en perpétuel changement. Personne ne donnera mieux du sens à nos choix, nos expériences, nos épreuves que nous-mêmes.

Authentika a pour mission d’accompagner les femmes et les adolescentes à oser emprunter leur chemin unique et à rayonner leur vérité. Pour en parler, contactez-moi : catherine@authentikasoi.com

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A propos de l'auteure

Persuadée que le partage authentique entre femmes est un puissant levier thérapeutique, Catherine Dutordoire souhaite accompagner les femmes et les adolescentes à oser emprunter leur chemin unique et à rayonner leur vérité.