Un enfant est parentifié lorsque son contexte familial l’amène à endosser un rôle de parent dans son système familial. Les frontières intergénérationnelles sont perturbées et l’enfant prend des responsabilités plus grandes que ne le voudraient son âge, sa maturation et son contexte socio-culturel.
Les sources de la parentification
Parfois, cette inversion des rôles est due à l’immaturité émotionnelle d’au moins l’un des parents. Par exemple, un enfant qui se soucie depuis le plus jeune âge d’un parent très fragile. Il tente alors de rassurer son parent mais ne s’autorise pas à prendre sa place d’enfant et exprimer ses émotions auprès de celui-ci. Raisons possibles : il ne veut pas déranger, ajouter une charge ou parce qu’il ne sent pas le parent assez solide que pour pouvoir se déposer en sécurité.
Un autre exemple est celui de l’enfant qui devient le confident d’un parent, se fait du souci et cherche à trouver des solutions pour lui. L’ordre hiérarchique est inversé et même si l’enfant ne le réalise pas, il porte beaucoup sur ses épaules.
Parfois, c’est un contexte de séparation ou de deuil qui génère ce mécanisme. L’environnement familial fait que l’enfant endosse des responsabilités qui l’amènent à gérer des soucis ou des conflits auxquels les enfants ne sont pas supposés avoir affaire.
Dans d’autres familles, il s’agira de dynamiques plus subtiles et ancrées qui plongent ses racines dans les générations précédentes et se perpétuent.
Le rôle de l’enfant parentifié
Souvent, l’enfant parentifié développe une grande maturité, se sent en charge et a l’impression d’avoir un rôle crucial à jouer (consciemment ou pas). Cela lui confère un sentiment d’avoir un grand pouvoir, d’être indispensable. Cette impression d’avoir un impact sur ce qui arrive génère également beaucoup de culpabilité. C’est l’un des traits que l’on peut retrouver chez les personnes ayant été parentifiées.
Dans tous les cas, le grand malheur de l’enfant parentifié, c’est qu’il est privé de son droit naturel à être un enfant. Ce qu’il porte est beaucoup trop lourd pour lui, et la grande maturité qu’il pourra développer en conséquence de ce rôle cachera des insécurités. Quand un enfant devient son propre filet de sécurité, à quel moment s’autorise-t-il à se déposer ?
Reconnaître la parentification
Il y a différents niveaux de parentification et ce concept est complexe. Si tu t’identifies à cette description, l’important est de nommer et reconnaître cette inversion. Tu peux analyser les conséquences qu’elle a pu avoir sur ton développement et ta construction identitaire, trouver des moyens réels ou symboliques pour reprendre ta juste place et sentir que toi aussi, tu as le droit de craquer, d’être vulnérable. Que tu es en sécurité et que finalement, tu n’étais que la petite dans cette histoire.
Il s’agit aussi souvent de faire le deuil de ce sentiment de toute puissance qui a comme conséquence d’amener les personnes ayant été parentifiées à se sentir responsables de tout, à chercher des solutions pour tout le monde et à rapidement culpabiliser. Dans certains cas, cela aura engendré une forme d’arrogance, dans d’autres une volonté de tout guérir (on en retrouve un grand nombre chez les psychologues par exemple).
Cela dit, comme toujours, cette place t’aura aussi permise de grandir et amenée à devenir la personne unique que tu es. A partir du moment où le vécu peut être reconnu et conscientisé, tu gagnes en créativité et en liberté face à certains schémas répétitifs. Rien n’est figé, tout évolue.