Réseaux sociaux et comparaison sociale :
comment retrouver un équilibre sain ?

La théorie de la comparaison sociale de Leon Festinger (1954) offre un éclairage précieux sur notre inclination naturelle à nous évaluer en nous comparant aux autres. La comparaison sociale est un processus intrinsèque à la nature humaine, les individus évaluent leurs propres opinions et compétences en se comparant à autrui. Selon Festinger, nous utilisons les autres comme des points de référence pour évaluer notre propre valeur, nos croyances et nos capacités.

Trois types de comparaison sociale

Festinger théorise trois types de comparaison sociale :

Comparaisons ascendantes :

  • Se produit lorsque nous nous comparons à des individus que nous percevons comme étant supérieurs à nous dans certains domaines, tels que la réussite professionnelle, le statut social ou l’apparence physique.
  • Ces comparaisons peuvent engendrer soit de l’inspiration lorsque nous sentons que le “but à atteindre” est atteignable, soit des sentiments d’insécurité, d’insuffisance ou de jalousie, car nous nous mesurons à des standards que nous percevons comme inatteignables.

Comparaisons latérales :

  • Se produisent lorsque nous nous comparons à des pairs, des personnes qui sont perçues comme similaires à nous en termes d’âge, de situation familiale ou professionnelle.
  • Ces comparaisons peuvent engendrer des sentiments d’émulation ou parfois de jalousie, mais elles peuvent aussi être une source d’inspiration.

Comparaisons descendantes :

  • Se produisent lorsque nous nous comparons à des individus que nous percevons comme moins chanceux ou moins réussis que nous dans certains aspects de la vie.
  • Ces comparaisons rassurent, elles peuvent générer un sentiment de supériorité ou de soulagement. Ces comparaisons peuvent aussi être teintées de culpabilité ou de malaise.

Dépression et réseaux sociaux

Normalement, ce mécanisme devrait servir de repère pour évaluer nos compétences, opinions et succès, et potentiellement renforcer notre estime de soi. Pourtant, à l’ère des réseaux sociaux, cette théorie prend une tournure plus complexe et souvent nuisible, c’est le versant négatif des comparaisons qui prend davantage le dessus.

Des études, telles que celles menées par Twenge et Campbell en 2018, soulignent une corrélation entre l’utilisation accrue des médias sociaux et l’augmentation des taux de dépression chez les jeunes. Cette recherche met en lumière que l’usage croissant des réseaux sociaux est associé à une diminution du bien-être psychologique, affectant potentiellement l’estime de soi.

De plus, les conclusions de recherches comme celles de Primack et al. en 2017 pointent un lien entre le temps passé sur les réseaux sociaux et une hausse des sentiments de solitude. Ces constats soulignent que l’utilisation excessive de ces plateformes est liée à des niveaux plus élevés de détresse psychologique, impactant ainsi négativement la perception de soi.

La recherche de Hunt et al. en 2018 a également examiné l’impact de l’utilisation des réseaux sociaux sur le bien-être. Elle a démontré que les individus limitant leur usage de Facebook ont rapporté des niveaux inférieurs de dépression et de solitude au fil du temps par rapport à ceux qui ont continué à utiliser intensivement le réseau social.

Ces études, parmi d’autres, suggèrent une corrélation entre l’utilisation des réseaux sociaux et divers problèmes de santé mentale, incluant l’anxiété, la dépression, la solitude et le mal-être. Ce qui devrait normalement servir de moteur pour renforcer l’estime de soi se transforme en source de détresse émotionnelle sur les plateformes en ligne.

Les réseaux sociaux présentent une réalité biaisée où les individus partagent souvent des versions édulcorées et embellies de leur vie. Ces instantanés sélectifs créent un écart entre la réalité complexe et les apparences numériques. Ainsi, la comparaison sociale qui contribue normalement en partie à renforcer notre estime de soi devient une source d’insatisfaction perpétuelle, alimentée par un fossé grandissant entre la réalité vécue et les illusions numériques.

Authenticité avant tout

Pour contrer cette tendance néfaste, une des solutions principales consiste à revenir à des échanges authentiques. Les interactions humaines dans lesquelles les masques peuvent être mis de côtés en toute sécurité grâce à un cadre bienveillant réduisent le fossé entre les apparences numériques et la réalité, renforçant ainsi une estime de soi plus saine et équilibrée.

Les échanges authentiques en présentiel, comme ceux que l’on retrouve dans des cercles de femmes, dans un groupe d’amis sain ou dans des espaces de partages similaires, offrent un refuge où la réalité reprend son souffle. Dans ces cadres, la transparence prévaut, mettant en lumière que chacune navigue à travers les complexités de la vie. Ces moments précieux permettent de briser les illusions en dévoilant que derrière chaque façade, aucune existence n’est toujours simple ni parfaite. C’est dans cette authenticité partagée que se construit une solidarité, une acceptation mutuelle et une compréhension profonde des défis que chacun affronte au quotidien.

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A propos de l'auteure

Persuadée que le partage authentique entre femmes est un puissant levier thérapeutique, Catherine Dutordoire souhaite accompagner les femmes et les adolescentes à oser emprunter leur chemin unique et à rayonner leur vérité.